
Le présent billet est le deuxième d’une série de trois.
La rhétorique de François « Groupe Gesca » Cardinal
En éditorial dans La Presse de ce 24 mai, François Cardinal écrit:
C’est l’impasse, donc. À la veille du début de la saison touristique, du week-end de la F1, des Francofolies, du Festival de jazz, du festival Juste pour rire. À la veille, bref, de la période la plus importante pour Montréal sur le plan économique.
Vrai, le gouvernement est le seul à avoir fait des concessions jusqu’ici. Mais il est néanmoins le garant de la paix sociale et a, en ce sens, un double devoir : agir… sans reculer. Il a en effet le devoir d’agir pour dénouer l’impasse actuelle. Mais il a aussi le devoir de maintenir le cap sur la hausse décrétée pour éviter que la désobéissance civile devienne, à l’avenir, le moyen d’expression par excellence pour défier les décisions gouvernementales.
La marge de manoeuvre est donc étroite, mais pas inexistante. Il reste en effet trois cartes dans le jeu du gouvernement : le niveau de la hausse des droits de scolarité, l’engagement de Jean Charest dans les négociations et, ultimement, le renvoi ou l’abandon de la loi spéciale.
Or les impacts potentiels d’un pourrissement de la crise sont si importants qu’ils obligent Québec à abattre ses dernières cartes pour obtenir la fin de la grève, ou à tout le moins un essoufflement de celle-ci.
Cardinal a raison: Québec DOIT abattre ses dernières cartes sans délai, avant que la saison touristique ne s’ébranle ET avant que la réputation de Montréal sur le plan international ne soient irrémédiablement compromise.
Cardinal a raison: l’État est le garant de la paix sociale, et à ce titre, il se doit d’assurer son maintien. C’est d’ailleurs son obligation cardinale (oups!) et sa raison d’être! Or non seulement l’État ne parvient pas à assurer cette paix sociale, il en est même devenu le principal élément perturbateur et le fossoyeur-à-frisous semble s’être donné pour rôle celui de pyromane. Comme s’il voulait jouer le rôle du pompier qui allume des feux pour se gausser de les avoir éteints.
Dégueux!
Collectivement, nous avons investi trop d’argent (l’État ET le privé) dans cette série d’évènements touristiques de classe mondiale qui doit s’amorcer bientôt pour que le gouvernement n’accepte pas les compromis qui s’imposent. C’est de l’argent de nos impôts dont il s’agit; ce troupeau de taureaux en rut qui siège au Conseil des ministres doit penser moins aux bénéfices partisans et à courte vue du Parti Libéral, et davantage au bien de la collectivité.
Cardinal fait donc fausse route quand il affirme péremptoirement que, pour éviter que la désobéissance civile devienne, à l’avenir, le moyen d’expression par excellence pour défier les décisions gouvernementales, l’État ne DOIT PAS céder.
Est-ce bien là le François Cardinal qui écrivait le 8 septembre 2010:
L’amateurisme du gouvernement Charest est consternant dans le dossier du gaz de schiste […]
Si le gouvernement Charest entend prouver qu’il agit bel et bien comme gardien du bien collectif […], il doit d’abord prendre ses distances d’une industrie avec laquelle elle est par trop familière. On pense évidemment à tous ces membres de la famille libérale assis aux premières loges, en attente d’un boum qu’elle semble voir venir depuis un certain temps. Mais on parle aussi de la ministre Normandeau, qui réitère sans cesse son intention d’aller de l’avant, peu importe les conclusions du BAPE et des trois groupes de travail mandatés pour «encadrer» l’industrie.
Cardinal concluait alors: Si, au contraire, le gouvernement maintient ses positions, il risque de faire face à une fronde croissante. Comme en 2004.
Bref, François Cardinal adopte aujourd’hui une position contraire à celle qu’il exprimait autrefois dans les dossiers à forte teneur environnementale, alors qu’il considérait acceptable la fronde citoyenne contre les décisions improvisées et consternantes d’amateurisme – pour utiliser ses propres mots.
Ce qui nous oblige à la prudence et à la vigilance, mais pas, pour l’instant, à la virulence. – François Cardinal, 31 octobre 2011
« Pas, POUR L’INSTANT, à la virulence ». Si ces mots doivent avoir un sens, ce ne peut être que celui-là: la virulence, si nécessaire. Lire la suite