
Il y a 25 ans, précisément, des jeunes femmes trimaient dur pour faire leur place dans un domaine largement dominé par les hommes; elles allaient devenir ingénieures, diplômées de Polytechnique – LA grande école de génie au Canada. Ce même mercredi, au même moment mais à 600 km de là, une petite blonde-avec-des-tresses, âgée d’à peine six ans et trois ou quatre poussières, pratiquait le cheval-sautoir, la poutre et les exercices au tapis dans un gymnase de Rouyn-Noranda où son papa viendrait bientôt la chercher.
Le papa sortait de son bureau et puisqu’il était trop en avance pour qu’on lui permette l’accès à la pratique, il a allumé la radio et syntonisé CKAC Montréal. Et l’horreur l’a saisi à la gorge…
Papa avait les yeux humides quand il put cueillir sa petite Stéphanie. Pourquoi tu pleures, papa? Parce que ce soir il y a beaucoup de papas pis de mamans qui viennent de perdre leur grande fille…
Dix ans ont passé; Stéphanie-ado ne veut pas vivre au delà de ses 35 ans, parce que – dit-elle, à 35 ans, on est finis. On est passé-date!
Stef n’a pas franchi le cap des 30 ans. Dommage; elle se disait finalement tout-à-fait prête à affronter plus tard la quarantaine et à en accepter les ridules et les varices.
Qui est cette quinzième victime?
L’infirmière Monique Lépine, mère de ce Marc Lépine qui avait d’abord porté le nom Gamil Gharbi (vrai nom de Marc Lépine)?
La féminitude dans son ensemble? Ou, peut-être… la tolérance? À moins que toutes ces réponses soient vraies?
Bien sûr que Monique Lépine est une victime. Elle a perdu son fils. Et même si elle n’est en rien responsable, elle a vécu la honte. Et comme si ça n’était pas assez, sa fille n’a pas su affronter la pression et elle s’est enlevé la vie quelques années après la tuerie. C’est cher payé… Lire la suite