Un simple fait divers. Enfin, presque…
« Des assassins, des trafiquants de drogue, des voleurs, des violeurs, des escrocs et plein d’autres personnages répugnants »: fort de ses 20 années d’expérience au sein de la magistrature, le juge Ted Scanlan croyait avoir tout vu. Jusqu’à ce qu’on lui amène une grand-maman de 51 ans, Katherine Feltmate; sans antécédent judiciaires, la dame a pris charge de l’éducation de ses trois petits-enfants à New Glasgow, en Nouvelle-Écosse. La voilà qui fait face à des accusations d’agression et de harcèlement criminel.
«C’est l’un des peines que j’ai eu le plus de difficulté à déterminer! », a-t-il écrit dans une décision rendue la semaine dernière.
Le 29 mai 2011 et alors qu’elle était ivre, Mémé Feltmate croise une musulmane dans les allées du WalMart de New Glascow. Alizah Khan, une universitaire qui a grandi en Illinois au sein d’une famille d’origine pakistanaise, est mère de deux enfants. Elle porte un pashmînâ – un foulard très soyeux fait de fibres ultra-fines. Le chic absolu, pour cette femme de médecin.
Mémé toise la jeune femme, et appuie contre elle son doigt accusateur: « pourquoi cet accoutrement, par cette chaleur? » Réponse insatisfaisante: « Mes vêtements, c’est mes affaires. Pas les vôtres »
Feltmate a pété sa coche, poussé la victime contre un mur et projeté un chariot contre elle, tout en l’abreuvant d’injures telles que « salope irakienne« , pute, « salope musulmane». Brian Jarvis – un préposé à l’accueil chez WalMart, s’est porté à l’aide de Madame Khan. Feltmate l’accuse alors d’être un raciste, avant de crier en direction de Madame Khan: “go back to her own fuckin’ country.”
« Tous ceux qui étaient présents au magasin ont assisté à cette scène disgracieuse« , a écrit le juge Scanlan. «Et vous avez souillé cette communauté, cette province et ce pays. » […] «Les crimes à connotation raciste sont révélateurs d’un manque de respect, et le respect auquel je fais allusion constitue l’essence même de l’identité canadienne. Un pays qui encourage et qui reconnaît la diversité. »
Je me permets ici un commentaire de juriste: ces commentaires du juge pavent la voie à une « exemplary sentence« . En français, une condamnation qui se veut dissuasive… Il m’a semblé utile de le préciser, compte tenu des réactions passionnées qu’a suscité le prononcé de la condamnation.
Depuis cet incident, Alizah Khan a peur de demeurer seule à la maison avec les enfants, pendant que son conjoint s’affaire à sauver des vies à l’hôpital. Je souligne à grands traits cette expression « SAUVER DES VIES », compte tenu, encore une fois, des réactions passionnées… Cette crainte fera également partie du ratio decidendi. Elle contribuera à alourdir la peine.
Prise d’un remords au moins apparent, la mémé a plaidé coupable. Elle aura droit à un séjour de 60 jours sous les verroux, assortis d’une ordonnance de garder la paix pendant un an.
Les faits – et les citations – sont tirés d’un article publié le 14 septembre 2012 par le National Post, sous la plume de Joe O’Connor. L’article est correct. Les réactions qu’il a suscitées, par contre, sont à glacer d’effroi.
Qui veut noyer son médecin…
… dira qu’il a la rage. Qu’on en juge par ces commentaires sur le conjoint de la victime. Médecin, je le rappelle.
- I loved how they pointed out the “victim” was university educated, and her Husband is saving lives, what does that have to do with anything other than manipulating the readers opinion. Her Husband is busy making a lot of money of the Canadian Health system is more of a reality than he is busy saving lives all day long in New Glasgow N.S. – ivanhoe5
Bref, un importé qui vient siphonner notre système de santé!
- Que de conneries! Il faudrait fusiller [!!!] ces fonctionnaires qui ont ouvert la porte et laisser entrer ces faux-médecins à moitié cuits (« half baked so called doctors ») – Russ Williams Lire la suite