
Monsieur du Chesneau a été surpris à croasser de manière plutôt ostentatoire [!!!], tenant dans son bec un Boisclair dont il n’allait pas se priver du plaisir de le dépecer goulûment.
Et bonjour, Monsieur du Chesneau,
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois.
Mais voilà que le cyclone Housakos a soufflé depuis une contrée lointaine, avec une fureur telle que Maître du Chesneau en a perdu son plumage.
Le Chesneau honteux et confus
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.
Et il se tût.
« Postmedia retracts and apologizes to Sen. Leo Housakos«
C’est là le titre de la manchette que publiait The Suburban le 12 décembre 2012, sous la plume de Beryl Wajsman.
Amusant… Postmedia News a dû se rétracter après avoir suggéré que le Sénateur conservateur Léo Housakos, un résident de Ville St-Laurent, avait été en quelque sorte impliqué dans une affaire de contributions en faveur du Parti conservateur du Canada par des individus qui auraient servi de prête-nom.
Postmedia avait publié le 23 novembre une liste de 11 donateurs fictifs qui auraient contribué à une levée de fonds tenue pour les Conservateurs de Laurier Ste-Marie le 20 mai 2009.
Le 10 novembre 2009, après qu’il eut été élu à la tête de l’ADQ par deux voix de majorité [1], Gilles Taillon a livré un point de presse, déclarant qu’il avait découvert « certains aspects un peu troublants » dans la gestion financière de l’ADQ depuis 2003, et qu’il avait demandé une rencontre avec la Sûreté du Québec, laissant ainsi entendre qu’il pourrait s’agir de pratiques illégales. […] De plus, il a fait référence au sénateur Léo Housakos qui entretenait des liens avec l’ADQ. Celui-ci, proche de Mario Dumont, a présidé jusqu’en 2008 la Commission du financement de l’ADQ. [2] – Radio-Canada.ca, 12 novembre 2009
Dans la foulée, Le Devoir publiait le 13 novembre 2009 sous la plume d’Alec Castonguay un article aussi élogieux par le choix des mots que dévastateur par les maux qu’il aborde:
Parachuté au Sénat par Stephen Harper le 22 décembre 2008, Léo Housakos […] peut amasser plusieurs dizaines de milliers de dollars en quelques semaines à peine, grâce notamment à un réseau bien tissé dans les milieux d’affaires montréalais.
[…] «Il est très efficace. On n’est pas nommé sénateur à 40 ans si on ne livre pas la marchandise», affirme une source conservatrice qui a requis l’anonymat pour pouvoir parler librement.
Léo Housakos a notamment de bons amis dans les firmes de génie-conseil et les entreprises de construction. […] L’entrepreneur en construction Tony Accurso, qui possède plusieurs entreprises et qui brasse de grosses affaires à Montréal et Laval, est une relation de Léo Housakos. «Je l’ai rencontré quelques fois. C’est un grand homme d’affaires», a récemment soutenu M. Housakos à RueFrontenac.com.
Alec Castonguay évoque également le passage de Housakos au sein de la Canadian Alliance de Stephen Harper, son amitié avec l’ancien secrétaire de presse de Harper, Dimitri Soudas… et ses liens avec Union Montréal et Gérald Tremblay. Oups…
La pieuvre a le bras long, raconte Castonguay: en 2007, Housakos tente de mettre son homme à la tête du Port de Montréal […]. Il s’agissait de Robert Abdallah, ancien dirigeant de la Ville de Montréal dans l’administration Tremblay, qui a démissionné en 2006 dans des circonstances inexpliquées.
Me semble qu’on a entendu ce nom-là devant la Commission Charbonneau…
And then came Lino Zambito…
L’homme qui offre des fleurs et des billets pour le show de Céliiiiiine à la belle Nathalie Normandeau, dont le nom a refait surface au hasard de l’actualité, il y a quelques jours.
L’entrepreneur Lino Zambito, l’une des vedettes de la commission Charbonneau, admet aujourd’hui avoir financé l’ADQ à l’aide du système illégal des prêtes-noms.
« [Léo] Housakos m’a demandé si j’étais capable de leur donner un coup de main annuellement, de leur ramasser pour eux l’équivalent de 30 000 $ par année. » -Lino Zambito
[…] « C’était plus de donner un coup de main à M. Housakas qui était encore dans l’ADQ. Il avait des liens au fédéral; il était aussi bien placé au niveau de la Ville de Montréal », a poursuivi M. Zambito.
Et donner un coup de main à Léo Housakos donnait aussi accès au chef de l’ADQ au club privé Mont-Royal.
[…] Lino Zambito affirme que Mario Dumont ne pouvait ignorer que son parti était financé illégalement. Est-ce que l’ex-chef de l’ADQ savait que M. Housakos faisait du financement illégal? « Absolument, absolument! », a répondu M. Zambito. – Radio-Canada.ca, 30 septembre 2013
Bien sûr, Dumont et Housakos ont nié.
M. Dumont a profité de la tribune de son émission télévisée sur les ondes du réseau LCN pour nier les allégations de l’entrepreneur en construction Lino Zambito. Il a soutenu que le fait qu’il remercie les donateurs – les plus modestes comme les plus importants, souligne-t-il – ne prouve pas qu’il savait que des donateurs recouraient au système des prête-noms. – Radio-Canada.ca, 1 octobre 2013
Bien sûr que Dumont a le droit de réfuter. Mais qu’il le fasse dans le cadre de l’émission qu’il anime lui-même sur les ondes de LCN, voilà qui discrédite non seulement Mario Dumont, mais, et surtout, la télé-Péladeau.
Évidemment, Dumont n’est PAS un journaliste; c’est un commentateur. Mais une large partie de l’auditoire ne fait pas la distinction, ni ne distingue entre le commentaire éditorial et l’info. Mais ici, on parle d’un conflit d’intérêt flagrant, et ça donne à vomir.
Ça aurait été tellement plus simple, et tellement plus éthique, si Dumont avait plutôt confié ses états d’âme – disons – à son collègue Denis Lévesque, à la même antenne.
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[1] Jean-René Dufort – l’Infoman – avait même participé au scrutin, en déposant suffisamment de faux bulletins de vote pro-Taillon pour invalider le vote.
[2] un extrait de la lettre de démission de Gilles Taillon, dont Radio-Canada.ca a publié le texte intégral:
Cette prise de position publique sur la nécessaire autonomie de l’ADQ, vis-à-vis les partis politiques fédéraux, m’a valu plusieurs réprimandes de membres influents du parti. J’ai donc décidé de rencontrer le sénateur Housakos et de lui faire part de vive voix de ma prise de position. […] J’ai alors clairement dis au Sénateur Housakos […] que sous mon éventuel leadership, l’ADQ travaillerait aux seuls intérêts du Québec et ce, sans aucune attache à quelque parti fédéral que ce soit. Je lui ai aussi fait part que comme membre de l’ADQ, il était le bienvenu et pouvait contribuer au financement de ma campagne selon les règles établies par le parti.