
Une carrière remarquable… et remarquée
Oui, le cowboy solitaire aux yeux grand fermés est 100% abitibien. Né en février 1949, diplômé du collège de Rouyn, bachelier en psychoéducation avant de faire sa maîtrise à l’ÉNAP, il a débuté sa carrière à Val d’Or, au sein de la Fonction publique provinciale. Il a gravi TOUS les échelons, depuis le poste de directeur régional [1] jusqu’à celui de sous-ministre associé auprès du ministre des régions.
Une carrière remarquable, donc.
Orphelin de ses filles Julie et Isabelle, disparues tragiquement, l’homme était président-fondateur de l’Association des Familles de Personnes Assassinées ou Disparues, poste qu’il a abandonné au moment de sa nomination au Sénat le 28 janvier 2010. Admiré pour son courage, pour son abnégation, pour ses implications dans la communauté [2], Boisvenu a vu ses efforts récompensés par l’attribution – en novembre 2005 – du Prix de la Justice du Gouvernement du Québec.
De Pierre-Hugues Boisvenu au Laquais Boisvenu
Suite au procès et à la déclaration de culpabilité de l’assassin de Julie Boisvenu, la famille a intenté une action en dommage de 235 000 $ contre le service de police de la ville de Sherbrooke et quatre de ses agents, qu’elle considérait responsable en raison de leur « négligence« .
L’assassin, Hugo Bernier, a été interrogé par deux équipes de patrouilleurs de la police de Sherbrooke, à 03h15 et à 03h55, dans la nuit du 22 au 23 juin 2002. Les deux fois, les policiers ont quitté sans procéder à son arrestation. Vingt minutes plus tard, Julie Boisvenu croisait le chemin de Bernier. On connaît la suite tragique…
Jugement [lien] a été rendu le 11 juin 2009: l’action de la famille Boisvenu a été rejetée. Il me paraît essentiel d’analyser plus à fond les faits et les motifs du jugement. Pour le moment, passons à la réaction de Pierre-Hugues Boisvenu à ce jugement que la famille a renoncé à porter en appel, sans doute sous les recommandations éclairées de son avocat, Me Denis Beaubien. Je traiterai plus à fond de ce jugement, en annexe au présent billet.
En entrevue le 15 juin 2009 au réseau TVA, Pierre-Hugues Boisvenu se disait abasourdi par la décision de la Cour supérieure d’exonérer les policiers de toute responsabilité civile. Il disait en outre craindre que ce jugement ne fasse jurisprudence et établisse à l’égard des policiers une sorte de code de conduite tellement mou que d’autres récidivistes dangereux pourront s’en sortir et commettre des viols et des assassinats.
C’est ce jugement qui a achevé de démolir Pierre-Hugues Boisvenu. C’est ce jugement qui a fait de Boisvenu – un homme demeuré jusque là pragmatique en dépit des circonstances de son double deuil – un homme amer, sinon même enragé. Un homme incapable d’adhérer à la logique et à la rigueur de ce jugement, qu’il n’a jamais pu analyser à froid. C’est ce jugement qui constitue le terreau dont émergera le mépris et la haine qu’éprouve désormais Boisvenu à l’endroit des avocats et du système judiciaire.
Les chasseurs de tête des Conservateurs ont réussi un coup fumant: c’est de cet homme aigri que Stephen Harper a fait un sénateur, quelques mois plus tard. Un père rongé par ses émotions et son ressentiment, dont il est devenu le laquais servile.
Du laquais Boisvenu au cowboy Lackey Boyce-Van Hugh
Pour les ceusses qui seraient moins belingouales, je précise le sens de lackey: un yes-man, un exécutant. Évidemment, Lackey n’a rien de Lucky Luke, mais entre le laquais Boisvenu et Lackey Boyce-Van Hugh, je dirais que c’est le même, coiffé d’un chapeau de cowboy, comme s’il voulait plaire à son chef de Calgary.
Boyce-Van Hugh? Ah, bin là, faut lire à voix haute, à la manière d’un anglophone qui se tordrait les babines de douleur en essayant de prononcer un patronyme français comme… BoissVeniou.
Coiffé de son légendaire Stetson – the brand that is made of America – est-ce qu’il n’a pas la gueule d’un W Bush, notre Pierre-Hugues? Lire la suite