L’expression est de Thomas Mulcair. Et elle décrit bien la manœuvre; une machette rouillée risque, en effet, d’infecter la plaie.
Tough on crime, qu’ils s’affichent…
Mais voilà que quelques maigres semaines après l’adoption d’un train de mesures législatives destinées à remplir les prisons provinciales et les pénitenciers fédéraux, le budget Flaherty comporte d’importantes coupures au niveau des coûts de la sécurité publique.
Les Services correctionnels perdront 295 millions (10 %) et le budget prend la peine de préciser que «le gouvernement n’a érigé aucune nouvelle prison depuis 2006 et n’a nullement l’intention d’en construire de nouvelles». – Hélène Buzzetti, le Devoir, 30 mars 2012
Une précision utile: une peine de deux ans et plus doit être purgée dans un pénitencier, sous juridiction fédérale. C’est donc le gouvernement Harper qui doit assumer les coûts de construction et d’entretien des pénitenciers, de même que les frais reliés à l’hébergement – dont bien sûr le salaire du personnel. Un peu con, mais c’est ce que prévoit la Constitution!
Ou bien ce gouvernement a-t-il menti aux Canadiens avec ses prétentions tough on crime et tough on offenders, ou bien il ment effrontément quand il affirme que son agenda ne prévoit la construction d’aucun nouveau pénitencier. Entend-il par là qu’il entassera les prisonniers les uns sur les autres? Se réserve-t-il le privilège d’agrandir les installations existantes? Si tel est le cas, Flaherty a menti par omission en laissant entendre le contraire et en jouant sur les mots.
À quoi servira-t-il de condamner un criminel à une peine de deux ans ou plus, si le gouvernement n’a pas les moyens de fournir les barreaux?
Bien sûr, la plupart des nouveaux débours qu’occasionnera la mise en place de la réforme tough on crime, ce sont les provinces qui devront les assumer – et on sait que, au nom du gouvernement Charest, le ministre Jean-Marc Fournier a déjà dit que sans une aide fédérale dédiée, le Québec n’a pas l’intention d’assumer ces coûts additionnels.
Réduire ses dépenses en pelletant sa neige dans la cour du voisin. Jusqu’à l’adoption du budget, on pouvait espérer qu’Ottawa assume ses responsabilités et paie au moins une partie de la note…
Les vieux crisses
Oui, je sais, la réforme du supplément de revenu garanti et celle des « pensions de vieux » ne prendra effet que dans longtemps. Cette réforme ne m’affectera pas; d’une part, je suis passé date, et d’autre part, je n’appartiens pas à la clientèle visée par le supplément.
Il n’en demeure pas moins que si nous vivons aujourd’hui plus longtemps, et même si (à titre d’exemple) le job d’un avocat ou d’un comptable n’est pas particulièrement exigeant sur le plan physique, certains emplois ne sont pas faits pour un bonhomme de 65 ans.
Le supplément vise essentiellement les plus démunis d’entre les Canadiens âgés de 65 ans et plus; une mesure d’ordre fiscal qui ne pénalise que les plus démunis, c’est tout simplement abject [1].
Le capital accumulé par les travailleurs est constitué des montants qu’ils ont souscrits au fil des ans. Ça n’est pas l’argent du gouvernement, c’est un motant investi par les cotisants dans leur propre avenir, et si l’un d’eux est contraint à l’abandon à 54 ou à 64 ans, pourquoi lui refuserait-on le droit de toucher à SES propres économies, investies dans le régime d’État? Évidemment, plus tôt le régime versera des prestations, et mois élevées elle seront, ce qui est tout à fait normal…
Est-ce vraiment nécessaire de pousser quelqu’un à vivre de l’aide sociale pour le seul motif que son capital est « gelé » jusqu’à ce qu’il atteigne 65 ans (et bientôt, 67)?
La culture… et Radio-Canada
Sink the Bismark!

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