En guise de préambule
Je demeure perplexe devant l’adoption annoncée de ce projet de Loi. L’objectif – restreindre sinon même mettre fin aux activités des casseurs professionnels de type Black Bloc – est tout à fait louable. Et ce, d’autant plus qu’en détournant nombre de manifestations paisibles de leurs fins, ces casseurs jettent trop souvent le discrédit sur leurs organisateurs et sur l’objet de leurs revendications.
Cela dit, je ne vais pas m’enfouir la tête dans le sable: certains tireux de projectiles et casseux de vitrines MASQUÉS, au sommets de Montebello (2007) et de Toronto (2010) étaient des policiers infiltrés dans la foule. Moi, je les qualifierais d’agents provocateurs mais la police le nie. Le 23 août 2007, Radio-Canada publiait, au sujet de Montebello:
Une vidéo mise en ligne mardi sur YouTube montre trois policiers portant des foulards et des masques sur le visage dans la foule de manifestants. L’un d’eux a une pierre dans la main et un organisateur de la manifestation tente de le forcer à la déposer, pendant que des jeunes crient « policier! policier! ».
Les bottes militaires que portaient ces imposteurs les avaient trahis: ce modèle n’est vendu qu’aux Forces-Armées et qu’aux corps policiers! À Toronto, en 2010, des images captées par des citoyens montrent des policiers en civil, déguisés en casseurs et portant des bâtons de baseball – qui trouvent refuge derrière un cordon de police pour se protéger. J’ai peine à imaginer un authentique Black Bloc se blottir parmi les policiers quand ça commence à surchauffer!
Le diable est toujours dans les détails. Et je ne puis m’empêcher de penser à l’arrestation plutôt brutale du comédien Alexis Martin, le 25 avril dernier. Il habite le centre-ville et ce soir-là, il retournait à pied chez lui quand il a été frappé sans ménagement, insulté, menotté derrière le dos et detenu plus de deux heures avant de recevoir un billet d’infraction de $146 et d’être relâché.
Dans les détails, disais-je. Personne n’est à l’abri du power trip d’un policier qui vient d’apprendre qu’il est cocu et qui a une matraque dans la main droite. Personne n’est à l’abri des réactions parfois erratiques d’un policier dont c’est le quatrième soir consécutif qu’il fait du sur-temps et affronte de VRAIS casseurs. Et personne ne sera à l’abri de l’interprétation farfelue que pourra faire un policier de l’expression « sans excuse légitime« …