
Quelqu’un aura laissé tomber une enveloppe brune au pied des urinoirs? Diantre! Et le rat, s’en avisant…
Le plus ironique, c’est ce bon vieux Gérald qui, le jour même où Martin Dumont le crucifie sur la place publique, annonce aux Montréalais médusés que leur taxe foncière va augmenter – en moyenne – de 3,3%. La grande envolée oratoire, telle que couchée sur papier:
Le budget 2013 est résolument aligné sur les priorités des citoyens et sur leurs ambitions pour leur ville. Notre administration travaille sans relâche pour que Montréal puisse s’épanouir et s’affirmer encore plus fort parmi les grandes métropoles du monde.
Le maire de Montréal,
Gérald Tremblay
Le président du comité exécutif,
Michael Applebaum [1]
Les priorités des citoyens et leurs ambitions pour leur ville? Je dirais plutôt qu’ils ont hâte de changer de maire…
Attardons-nous un instant sur le contre-interrogatoire du procureur du Parti Urinoir-Montréal [2]. Pitoyable… Pas nécessairement par la ligne de questions, mais plutôt en raison du manque flagrant de préparation et de l’absence de ces bases sur lesquelles Me Dorval aurait du asseoir son interrogatoire.
Attaquer la crédibilité du témoin Dumont, non seulement c’est de bonne guerre, mais c’est l’objectif de tout contre-interrogatoire; encore que ça ne veut pas dire que tout est permis! D’ailleurs, si je devais un jour publier un manuel sur l’art de plaider, de nombreux chapitres y seraient consacrés au cassage de témoins souvent savants. Sauf que moi, les témoins hostiles à la cause de mes clients, je les attaquais sur leurs capacités mnémoniques, sur leurs connaissances théoriques ou sur la superficialité de l’examen auquel ils avaient procédé. Qu’il s’agisse d’un cerveau, de la scène d’un incendie ou d’un moteur. Pas sur la couleur de leurs bobettes…
Une longue expérience m’a permis d’observer – chez des collègues plus verts – que l’avocat qui interroge un témoin sur un sujet qu’il ne maîtrise pas suffisamment risque d’être lui-même éclaboussé, sinon ridiculisé. Moi, je tenais à m’assurer de la qualité de mes sources. Mais un avocat de 30 ans a peur de dire NON à un client qui lui demande de poser telle ou telle question. À cet égard, la tête grisonnante d’un avocat fait merveille: quand j’eus finalement acquis cette qualité – j’ai enfin pu mener mes contre-interrogatoires à ma façon. Et j’ai rarement échoué.
Pourquoi? Parce que je ne me suis jamais placé dans une situation où le libellé de mes questions suffisait à démontrer que je ne maîtrisais pas le sujet. C’est pourtant le sort qu’a pu réserver le témoin Dumont à un Me Dorval qui pourtant porte les cheveux gris…
N’est-il pas exact que vous avez dû démissionner d’un emploi pour cause de vol à l’étalage? Voilà une question qu’un avocat ne saurait poser, à moins d’avoir dans son dossier la preuve de ce que sa question laisse entendre! Et à cet égard, Me Dorval semblait bien informé. Question acceptable, sous l’angle de l’image projetée. Question à la limite de l’inacceptable, par contre, sur le plan éthique…
N’est-il pas exact que si vous avez volé des fruits et légumes, c’était pour en faire bénéficier l’équipe Duchesneau? La question qui tue, dirait Guy A. Lepage. Ouin. La question qui tue… celui qui la pose. Le témoin Dumont est intelligent et il a le sens de la répartie.
Lors d’un échange avec la commissaire Charbonneau, qui s’interrogeait quant à la pertinence de cette affaire, l’avocat a avancé que M. Dumont avait volé de la nourriture pour l’amener au local électoral de Jacques Duchesneau.
Le témoin a noté que cette allégation n’avait ni queue ni tête puisqu’il avait reconnu sa culpabilité en novembre 1999, soit un an après les élections municipales de 1998.
La commissaire Charbonneau a ensuite ajouté à l’intention de Me Dorval : « ce n’était pas correct ce que vous venez de faire ». – SRC, via le Huff Post
Pas correct. Mais surtout, pour ce qui est de cette question à saveur Duchesneau, pas très brillant, aurait pu ajouter Madame la Commissaire. Cette réplique du témoin Martin Dumont sert en effet très mal Union Montréal – la cliente de Me Michel Dorval. Le dindon de la farce, ici, c’est d’abord Union Montréal, dont l’opinion publique dira qu’elle héberge une bande de crétins complètement déconnectés, incapables de s’informer correctement. L’image de crétinisme rejaillira sans doute sur Me Dorval. Mais par son aplaventrisme face à sa cliente, il aura couru après cette réputation qu’il se donne.
Je rejoins ici l’opinion qu’exprimait Yves Boisvert sur les ondes de V-Télé à 07h55 ce 1 novembre. Cette série de questions est odieuse, et elle jette le discrédit sur le parti Union Montréal. Sur le plan stratégique, c’est un désastre. Et sur le plan éthique, ce que je vois, moi, c’est un avocat qui joue la pute et qui croit servir sa cliente en adressant à l’avance à tous les témoins qui viendront poivrer Union Montréal que lui, Me Dorval, pourrait bien exposer leur zizi devant le Québec entier en guise de représailles.
On appelle ça de l’intimidation. Et à mes yeux, ça constitue une entrave à la justice. Ça, c’est mon opinion à moi; mais on sait jamais, peut-être le représentant que le Barreau a délégué devant la Commission sera-t-il de mon avis?
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Tiens, un autre qui n’a pas été très tendre à l’égard de Me Michel Dorval, du cabinet Waxman Dorval [3] Lire la suite