
Ce 17 septembre, le leader de la majorité à l’hôtel de ville de Montréal, Marvin Rotrand, a fait part aux leaders de l’opposition de la décision de reporter la séance du Conseil qui devait être tenue pendant les célébrations du Yom Kippour – la fête du Grand Pardon, point culminant du calendrier religieux chez les Juifs. La lettre du conseiller Rotrand – lui-même de confession juive – est disponible sur Scribble.
«On est une institution publique municipale qui doit gérer des choses importantes, a rétorqué Anie Samson, une des deux destinataires de la lettre. Est-ce qu’on met la Ville sur « pause » pendant deux jours parce qu’il y a une fête importante, oui, mais partagée par trois membres du conseil? – Agence QMI, 23 septembre 2012
[…] «Devrons-nous reporter la réunion du comité exécutif prévue mercredi matin? », s’est interrogée Samson. […] En fait, le conseil municipal ne siège jamais le mercredi, en raison de la réunion hebdomadaire du Comité exécutif ce jour-là.
Et sous l’administration du fondateur de Vision Montréal, Pierre Bourque, les réunions qui n’étaient pas encore terminées à 18h le vendredi ont toujours été ajournées à 18h, pour tenir compte du début du Sabbat juif.
Montréal est une mosaïque de communautés culturelles, de continuer Samson, mais si on commence à interrompre les sessions du Conseil à chaque Fête religieuse, où cela s’arrêtera-t-il? Samson a servi sous l’administration Bourque.
Plutôt que de paralyser le fonctionnement du Conseil en forçant tous ses membres au respect d’une fête religieuse, on devrait plutôt autoriser ceux qui souhaitent célébrer leur religion à s’absenter sans pénalité. – The Gazette, 23 septembre 2012 (traduction par l’auteur du billet)
Des excuses?
Marvin Rotrand avait demandé samedi à Louise Harel, la chef de Vision Montréal et chef de l’opposition officielle, de rappeler à l’ordre Anie Samson […] Dans un communiqué dimanche, il est revenu sur le sujet en disant qu’il souhaitait des excuses de la part de Mme Samson. Ce qu’elle a donc refusé de faire.
Louise Harel ne devait pas faire de commentaires, selon l’attachée de presse de l’opposition officielle, Militza Jean. – Agence QMI, 23 septembre 2012
Anie Samson croit pouvoir river les épaules de ses adversaires au tapis, elle qui affirme que c’est la Loi qui a fait du Vendredi Saint, du Lundi de Pâques, du jour de Noël et du Premier de l’An des jours fériés; par conséquent, ajoute-t-elle, il n’appartient pas au Conseil de célébrer les fêtes religieuses de tout un chacun. La madame fait sans doute mine d’ignorer l’origine religieuse de ces congés fériés – lesquels sont fort peu nombreux.
De mon temps – et ça fait longtemps, l’école était fermée le jour de l’Épiphanie (6 janvier), le jour de l’Annonciation (25 mars?), le jour de la Toussaint (1 novembre), celui de l’Immaculée Conception (8 décembre), et il me semble qu’il y avait d’autres fêtes religieuses (Ascension? Pentecôte?) qui forçaient la fermeture des classes. Heureusement, toutes n’ont pas été déclarées fériées par l’autorité civile!
Le droit applicable
Il y a quelques année, j’avais dû défendre sur le blogue de Chantal Hébert [1] – la légitimité et l’à-propos d’une décision rendue en octobre 2008 par le Tribunal des droits de la personne. La Commission avait pris action au nom d’une certaine Daniela Strauber, et le juge Audet avait alors reconnu le droit d’une travailleuse de garderie de religion juive de s’absenter de son travail le jour du Rosh Hashana. Et ce, au grand dam de ce xénophobe notoire qu’est Jacques Noël.
Évidemment, les faits sont différents et Rotrand n’est pas l’employé de la Ville; les principes à la base demeurent toutement sensiblement les mêmes: par application des chartes des droits, et au nom de la liberté de culte, j’estime – sans avoir pour autant effectué des recherches – que le fait d’obliger Marvin Rotrand à choisir entre sa participation au Yom Kippour et l’exercice de ses devoirs au sein du Conseil municipal constitue une atteinte à ses droits.
Anie Samson propose qu’il s’absente sans en être pénalisé; c’est con. Il a le droit de siéger au Conseil, de participer à ses délibérations et surtout, d’y faire valoir les prises de positions qu’il a reçu de ses commettants le mandat de défendre. Ce que propose Anie Samson, c’est de priver de représentation au Conseil les habitants du quartier qui l’a élu.
Dégueulasse.
Énoncé de principes et « profession de foi »
Je rappelle à tous ces scélérats qui voient en moi le pire des antisémites que:
- Bien qu’éduqué dans la foi catholique, je suis agnostique depuis fort longtemps
- Je prêche pour une laïcité ouverte
- Nonobstant, et parce que je suis foncièrement démocrate et tolérant Lire la suite