Voilà bien un cabinet avec lequel le bureau au sein duquel je pratiquais – et moi-même personnellement, avons entretenu des relations d’affaires plutôt assidues, à une certaine époque.
Back to the roots, avec Johnston Heenan Blaikie, un cabinet fondé à Montréal en 1973.
Ça n’était pas encore le cabinet de 500 avocats qu’il est devenu par la suite; mais bien qu’il fut alors de taille relativement modeste, le bureau comptait parmi ses associés-fondateurs aussi bien le président national du Parti Libéral du Canada (Donald Johnston, 1990-94) que le président national du Parti Progressiste-Conservateur du Canada (1981-83), Peter Blaikie. Johnston avait été ministre, sous Trudeau; Blaikie, pour sa part, a brigué 2 fois la direction du Parti Progressiste-Conservateur mais c’est à titre de farouche opposant à la Loi 101 qu’il va plutôt passer à l’Histoire.
Deux grands chums, pourtant! Faut le faire… By the way, quoique à une échelle passablement plus réduite, deux avocats de Rouyn-Noranda s’étaient associés en 1986 pour former un bureau; l’un des deux était président de l’Association Libérale du comté (au fédéral), pendant que l’autre présidait l’Association progressiste-conservatrice. Ça aussi, faut le faire!
Mon bureau – et moi-même – avons toujours entretenu des relations d’affaires très cordiales avec Aubut Chabot, à Québec, dans les années 90; le Aubut de Aubut Chabot, c’est bien Marcel Aubut, ci-devant de ces Nordiques que j’aimais haïr et aujourd’hui à la tête du Comité Olympique canadien. « Son » bureau avait intégré Heenan Blaikie en 1998, 15 ans après sa fondation.
Pierre Elliott Trudeau avait intégré le cabinet au moment où – Dieu merci! – il s’était retiré de la politique active. Jean Chrétien a fait de même. Et Pierre-Marc Johnson. Et plus tard le tristement célèbre juge Bastarache, appelé à présider une Commission d’enquête alors que de toute sa carrière d’avocat et de juge à la Cour suprême il n’avait jamais interrogé un seul témoin… Pour attirer de telles candidatures de prestige, il faut avoir des clients capables de payer!
Pourquoi, alors, ce naufrage?
Bien sûr, les nouvelles courent vite dans le milieu; la situation avait atteint un point de non-retour, au-delà duquel il n’était plus possible de demeurer en affaires. Les concurrents avaient réussi à débaucher des équipes entières; ceux qui restaient se sont sentis menacés, et les clients ont commencé à regarder ailleurs. Il fallait fermer.
Dommage, parce que ce cabinet a toujours maintenu de hauts standards d’intégrité et de compétence professionnelle.
Le cabinet Pepin Létourneau
Je ne puis pas faire autrement que de me remémorer la chute brutale du cabinet Pepin Létourneau, au printemps 2000. Cette fois, c’est mon paternel qui connaissait bien les deux fondateurs, Guy Pepin et Alain Létourneau, avec lesquels son travail l’avait amené à nouer des relations d’affaires dans les années ’60. D’ailleurs, ça n’est pas étranger au désir de mon père de voir son fils porter la toge…
Plus de 15 ans après le décès de mon géniteur, c’est moi qui ai eu affaires à l’étoile montante du cabinet, Gaétan-H. Legris, un litigator dont les méthodes antisportives [1] détonnaient. La nuit où le scandale éclata autour de Legris, nous étions lui et moi adversaires dans une bonne dizaine de dossiers de responsabilité où je représentais des victimes, et lui, l’assureur qui faisait obstruction.
Le scandale?
Yep!
Le soir du 16 mai 2000, Louise T. dînait dans un restaurant du Vieux-Montréal avec Gaétan-Hughes Legris, l’avocat étoile du cabinet Pepin, Létourneau. Ce qui est censé être un dîner d’affaires avec cet avocat super-ambitieux qui s’apprête à prendre la succession de Me Guy Pepin à la tête du bureau tourne rapidement au vinaigre.
Legris, le directeur du bureau et supérieur immédiat de Louise T., la fait boire abondamment et lui fait des avances de nature sexuelle dans le restaurant même. De l’alcool qui s’ajoute aux antidépresseurs prescrits à la femme. Legris refilera au bureau la facture de 454 $, qui comprend trois bouteilles de Château Meney à 80 $ pièce, plus six verres de calvados.
« Quand je suis saoul, j’ai le goût de baiser », dira l’avocat à sa subordonnée entre la poire et le fromage. – Rodolphe Morrissette, Canoe.ca, 23 novembre 2003
Un soûlon. Un vrai. Le taux d’alcoolémie de sa victime s’élevait à 0.531; c’est son conjoint qui a découvert les deux amants flambant nus (Legris étendu sur la dame). Résultat des courses? Le cabinet a congédié Me Legris ET la dame. La dame a poursuivi pour congédiement illégal et elle a eu gain de cause. Legris a eu le culot de poursuivre Pepin Létourneau pour plusieurs millions (son action a été rejetée!)…
_________
[1] Conduite antisportive de Me Legris dans ses relations avec ses confrères? C’est vraiment un euphémisme! Je ne tiens pas à en dire davantage; je me contenterai de répéter ici quelques éléments du jugement, tels que rapportés par le journaliste: fraude de $50000 de Legris à l’égard de son employeur, tentative de facturer sa beuverie du 16 mai à ses employeurs, et conduite particulièrement odieuse à l’égard de sa victime, tant au niveau professionnel (il lui a commandé de falsifier des chiffres!) que personnel (il l’a saoûlée pour mieux la violer).
Et, bien sûr, pas la moindre considération pour la réputation de son cabinet, de ses associés et de ses employés.
Le cabinet n’a pas survécu.
Et un cabinet d’avocrasses corpo-fasciste de moins, un!!!
Pour compléter le commentaire que j’avais intégré à celui de JLP, un extrait du site droit.Inc (auquel je suis abonné):
http://www.montrealgazette.com/business/Heenan+Blaikie+began+with+handshake+ended+squabble+partner/9477014/story.html?
– http://www.droit-inc.com/article11979-Pourquoi-Heenan-a-coule?
Le bureau Heenan Blaikie est né à Montréal en 73. Mais un cabinet désireux de séduire la clientèle d’affaires et les sièges sociaux de Toronto, Calgary et Vancouver n’a pas le choix d’ouvrir des bureaux satellites dans chacune de ces métropoles économiques, et c’est ce que Heenan Blaikie a fait.
Roy Heenan a quitté la direction du bureau en 2012, à 78 ans. Les problèmes ont commencé quand la direction de Toronto et celle de Montréal sont entrées en conflit.
J’aurais pu intégrer ce bureau, dans le temps. Bien avant Trudeau, Chrétien, Johnson et Bastarache; ça ne m’intéressait pas vraiment de desservir une clientèle d’affaires. Ni surtout de pratiquer dans un bureau de Montréal, dont la réputation collective, c’est de sortir tout le jus disponible de ses artisans.
J’avais préféré l’atmosphère plus détendu des bureaux de province, où les patrons n’exigent pas que tu factures un minimum de 40 heures par semaine, en plus du travail non facturable qui consiste notamment à former la relève et à maintenir ses connaissances à jour. Et ça, c’est sans compter toutes ces heures qu’un avocat consciencieux va vouloir consacrer à un dossier sans pour autant que ces heures lui soient facturées.
J’avais fait un bon choix… mais je pense que j’aurais pu me plaire chez Johnston Heenan Blaikie à l’époque et pour quelques dizaines d’années à venir.
J’y aurais sans doute maintenu des allégeances plus conservatrices. J’y serais probablement devenu multi-millionnaire. Mais j’ai été heureux là où je me suis trouvé, et ça me suffit largement.
@ PAPITIBI ,
Monsieur Papitibi , je viens de taper Monty Coulombe et Heenan Blaikie.
Je n’y ai rien compris , mais cela me semble la même affaire.
Je viens de prendre ceci , sur les & du Québec ,
Colle = >
J’ai aimé lire votre article, je m’aperçois qu’il touche une fibre profonde en moi. Chaque peuple a ses côtés positif et négatif, nous avons été souvent étiquetés comme un peuple soumis, il faut dire que les conditions souvent l’exigeaient, mais le vrai Québécois est un Coureur des bois, signifiant un désir fou de liberté, et de ne pas être contrôlé. De gens fiers, susceptibles souvent, mais ainsi ils sont à leur meilleur.
Merci pour cet article.
Carolle Anne Dessureault
Répondre ↓
avatarLe 18 janvier 2014 à 22 h 58 min, Andre lefebvre a dit :
Merci Carolle Anne; c’est aussi de cette façon que je perçois les Québécois.
Amicalement
André Lefebvre
Papi , je ne suis tellement pas rapide , que je m’y perd sur le Web , mais une chose que je puis vous dire , c’est que l’on retente la passe de 2009 à mon endroit.
Dire que cela se passe au Québec refaire ce « MONDE » et uniquement avec des mots qui « TUENT ».
Jean-Marie De Serre.
Et… vous en pensez quoi?
Je pense que je dois dire ici , la demi-heure passé à ma Municipalité.
J’avais rendez-vous avec Monsieur Le Maire et ses conseillers , il ne manquait que Méo et Guillaume.
Comment dire en un mot ! Yes . Sacrament , Madame Forestier a(peut-être) trouvé que j’étais mal engueulé , mais c’est moi , j’aime bien faire allusion aux saints.
Je ne puis que dire aussi que le changement et refaire le »MONDE » , cela commence au village.
La Planète , Tchechez-ben Tingwick.
Jean-Marie De Serre.
@ Proulx
Je suis sûr que tu seras comblé d’apprendre que pendant qu’il est à Sotchi, Marcel Aubut continue de s’occuper de ses « enfants » de l’ex cabinet Heenan Blaikie, ces avocrasses corpo-fascistes que tu aimes bien dénoncer sans savoir de quoi tu parles…
Des 35 professionnels de la « succursale » Heenan Blaikie de Québec, 22 passent chez BCF (un petit bureau de 200 avocats), où ton ami Marcel devient drette là vice-président du C.A. du cabinet. BCF en ramasse aussi quelques-uns à Montréal.
http://www.droit-inc.com/article11994-Sauves-par-Aubut?
Youppi, un bureau d’avocrasses corpo-fascistes qui disparaît, avais-tu clâmé du haut de tes trois pommes (trois petits pois?).
La nature a horreur du vide… mais ça, peut-être que t’es pas encore assez mature pour le comprendre.