Difficile à suivre, les Libéraux de Junior Trudeau: to ligne or not to ligne de parti, that is la question qui tue (ou qui tue pas) l’aide à mourir!.
Un parlementaire devrait-il voter comme son chef, ou au contraire voter selon sa conscience? Ou son vote devrait-il plutôt refléter l’opinion majoritaire des électeurs de sa circonscription? Serait-il opportun de baliser l’imposition de la ligne de parti? Parce qu’on est en 2016, comme dirait Junior; on jase, là…
Me voyez-vous avec une ligne de parti, fermer ma boite? HA! – madame Docteur Christiane Laberge, au Ti-Mé Show du 19 février
Une autre formation qui est difficile à suivre, c’est l’ancien Parti de Gilles Duceppe, devenu celui de Daniel Paillé puis de Mario Boolioo avant de redevenir celui de Gilles Duceppe mais dont Boolioo renonce à reprendre les rennes.
Le Bloc québécois s’est toujours OF-FI-CIEL-LE-MENT fait l’apôtre du registre des armes d’épaules.
Qu’ils aient été élus pour représenter une circonscription urbaine où on ne chasse que l’écureuil, ou dans une circonscription où une maman-ourse et ses bébés sont susceptibles d’apparaître au détour d’une piste cyclable, les députés du Bloc ont respecté une ligne de parti conçue dans les officines du Parti, à Montréal-en-ville. Apparence, toutefois, que certains d’entre eux avaient du se pincer le nez; personne ne l’avait relevé à l’époque, mais la directive sentait la mouffette…
Ce registre, même si les partis politiques l’ont appuyé, de peur d’avoir les groupes de femmes contre eux, n’a jamais été très fonctionnel.
Certains diront que je n’ai pas toujours tenu le même langage. Mais ligne de parti oblige, j’ai dû à plusieurs reprises défendre l’indéfendable. – Marc Lemay, opinion, 13 février 2016, dans La Frontière.ca
De peur d’avoir les groupes de femmes contre eux? Voilà qui sent également la moufette, non? Entéka, voilà qui est dit avec le tact qui fait de Mononc’ Menton Martineau un être tellement attachant!
Difficile à suivre, le Lemay? Il y a quelques semaines, il beuglait à fendre la nuit contre la ligne de parti – que lui avaient imposée les hautes instances du Bloc sous la houlette à Duceppe. Pourtant, en juin 2015 et alors que la rumeur d’un retour de Herr Diktator enflammait les partisans, le même Lemay ne tarissait pas d’éloges à l’égard du vieux cheuf:
L’ex-député bloquiste de la circonscription d’Abitibi-Témiscamingue Marc Lemay salue le retour de Gilles Duceppe à la tête de la formation politique. – Ici.Radio-Canada, 9 juin 2015
Si j’ai bien compris, il est tout à fait défendable de souhaiter pour le Bloc un chef qui impose à ses troupes de défendre l’indéfendable??? Bin, coudonc! J’en perds mon latin. Pis mes rudiments de grec ancien…
Mourir dans la dignité: to ligne or not to ligne
Tout le monde semblait s’entendre au pays pour dire que s’il y a UN enjeu qui doit demeurer au-dessus du débat partisan, c’est bien celui-là. […] par respect pour ce dernier moment sacré de la vie, par respect pour la douleur qui trop souvent l’accompagne, le débat sur l’aide médicale à mourir devait absolument se faire loin des lignes de parti.
«Le premier ministre a souvent fait référence aux circonstances où une unanimité du caucus serait attendue. Les enjeux qui touchent la Charte sont de ceux-là. Ceci est un enjeu qui relève de la Charte.» – Jim Carr, ministre des Ressources naturelles
[…] La discipline partisane que Justin Trudeau s’apprête à imposer à l’aide médicale à mourir prend ses racines dans le débat sur l’avortement. […] Sous Justin Trudeau, les politiques du parti étaient guidées par la Charte des droits et libertés, le droit des femmes au libre choix, un point c’est tout. À l’époque cette prise de position controversée avait surtout permis au parti libéral de tracer une autre ligne de faille contre les conservateurs, courtiser ce faisant le vote féminin. – Emmanuelle Latraverse, Ici.Radio-Canada, 13 février 2016
Les deux formations « extrémistes » – NPD pseudo-socialiste à gauche et Conservateurs du Reform à droite, ont annoncé que leurs parlementaires pourront voter selon leur conscience.
La plateforme électorale du Parti libéral du Canada (PLC) prévoit que les votes libres des membres du caucus seront «la norme», sauf sur les questions touchant les «valeurs communes et les protections garanties par la Charte».
Mais pour le député John McKay, la Cour suprême du Canada a déjà tranché sur la question de la Charte en rendant son jugement dans l’arrêt Carter, il y a maintenant plus d’un an. Les parlementaires, a-t-il soutenu, doivent maintenant s’exprimer sur «le comment».- La Presse Canadienne, 17 février
Le Libéral McKay est plutôt conservateur sur le plan moral et il était opposé à cette orientation qu’avait adoptée le Québec. Son appel – et celui de ses camarades back-benchers, semble À PREMIÈRE VUE avoir été entendu, comme le confirmait au Globe and Mail le leader du gouvernement en Chambre, Dominic Leblanc:
In an interview with The Globe and Mail, Liberal House Leader Dominic LeBlanc said the decision about whether MPs will be forced to toe the party line will now be made after a parliamentary committee studying the issue releases its report next week, and not until the bill is drafted.
“We decided to delay the decision about whether or not it’s a whipped vote. It’s premature to come to a final conclusion like that,” Mr. LeBlanc said. – Laura Stone, The Globe and Mail, 19 février 2016
Attendre que le contenu du projet de Loi soit débattu en comité pour ensuite être traduit dans un texte, c’est bien la moindre des choses. Cela dit, une fois cette étape franchie, le whip du Parti (whip = père-fouettard!) pourra faire claquer son fouet derrière les oreilles des récalcitrants.
Bien sûr, une fois le projet de Loi ficelé et présenté dans un bel emballage-cadeau, peut-être le caucus libéral sera-t-il si majoritairement converti à la bonne parole Justinienne que, dans un bel élan de pseudo-générosité, permission sera donnée aux trois ou quatre derniers rebelles d’afficher leur dissidence.
Le diable est dans les détails, dit-on. À vrai dire, il se cache plutôt dans les pouvoirs réglementaires que la Loi accorde au Ministre! Why is it so? Plus les pouvoirs réglementaires sont étendus, et moins les parlementaires seront en mesure de voter en toute connaissance de cause; si le texte des Lois est parfois débattu âprement, virgule par virgule, en revanche le texte des règlements échappe TO-TA-LE-MENT au contrôle des élus.
Bref, un gouvernement qui veut soustraire ses intentions véritables au regard lucide des élus va demeurer aussi vague que possible dans le texte de la Loi, et multipliera les pouvoirs discrétionnaires du Ministre.
Vers une réforme des institutions démocratiques?
Une majorité d’électeurs Canadian ou Québécois n’a pas souvenance d’une élection au cours de laquelle une majorité de sièges correspond à une majorité des voix exprimées; dans un régime où plusieurs partis politiques s’affrontent, il suffira le plus souvent de recueillir de 35 à 37% des suffrages exprimés pour former un gouvernement minoritaire. Un taux de 38 à 40% suffit généralement pour former un gouvernement majoritaire.
Dit autrement, ça signifie qu’un parti peut être appelé à gouverner même si deux citoyens sur trois ont exprimé par leur vote le rejet MASSIF de son programme et de ses chef et candidat(e)s.
Dans les circonstances, plusieurs se sont sans doute réjouis du mandat confié par Junior Trudeau à cette jeune Ministre des Institutions Démocratiques d’origine afghane, Maryam Monsef, de réformer le mode de scrutin AVANT la date des prochaines élections. Grrrrreat!
Mme Monsef a reçu la responsabilité de livrer la promesse du premier ministre Justin Trudeau, faite lors des dernières élections fédérales, à l’effet qu’elles seraient les dernières sous le système actuel.
L’objectif, dit-elle, est d’intéresser les électeurs, améliorer le nombre de citoyens qui vont voter et faire en sorte que tous les Canadiens aient l’impression que leur vote compte. – Joan Bryden, La Presse Canadienne, 1 février 2016
Mais attention! Des observateurs caustiques, dont je suis, craignent de voir les Libéraux s’engager dans une réforme qui, sous des dehors démocratiques, maintiendrait les troupes de Junior et de ses successeurs au pouvoir d’ici au Jugement Dernier. Amen.
Comment est-ce possible? Laissons de côté toutes ces réformes qui pourraient améliorer le taux de participation – le vote par internet, par exemple. Voyons plutôt quel mode alternatif pourrait remplacer le mode de scrutin uninominal à un tour, que nous imposent Ottawa, Québec et les municipalités?
On pourrait penser à un système à deux tours; si aucun candidat n’obtient une majorité des voix au premier tour, les électeurs devront choisir entre les deux candidats qui ont obtenu le plus grand nombre de voix… mais c’est lourd, c’est long et c’est coûteux.
Les Libéraux pourraient, dit-on, bénéficier largement d’un mode de scrutin dit alternatif. Dans ce mode de scrutin plurinominal à un tour, l’électeur doit classer tous les candidats par ordre de préférence et si l’un des candidats obtient une majorité absolue, il est déclaré élu. Par contre, si aucun candidat n’obtient une majorité, le candidat le plus faible est éliminé et le deuxième choix de ses électeurs hérite alors des votes qui lui étaient destinés. Et ainsi de suite jusqu’à ce qu’un candidat puisse être déclaré élu.
Au Québec, on devine que si un tel mode de scrutin était adopté, un candidat Libéral ne pourra plus se faufiler entre trois candidats ouvertement souverainistes qui se partagent les votes. On devine également que la CAQ et le PQ peuvent partager les faveurs des nationalistes de droite, et que le vote d’un électeur fédéraliste pourra être reporté de la CAQ vers le PLQ… et inversement.
Au fédéral, le deuxième choix des électeurs d’obédience Conservatrice, ça risque d’être le Parti Libéral. Et rarement le NPD ou les Verts. Pareillement, le deuxième choix d’un électeur Néo-Démocrate, ce sera (hors Québec) le PLC ou, à l’occasion, les Verts. Au Québec, le vote enregistré en faveur d’un candidat Néo-Démocrate par un électeur de gauche sans être viscéralement fédéraliste pourra aussi être reporté vers le candidat du Bloc. Au final, le Parti qui a le plus à gagner d’un tel mode de scrutin, c’est le Parti de Junior Trudeau.
Bref, si une réforme est adoptée, ce sera celle-là. Avec, pour conséquence possible, une scission des Red Tories et des Conservateurs purs et durs. Même que ça pourrait éviter aux uns comme aux autres de faire du PLC leur deuxième choix; ce n’est donc qu’au prix d’une scission – réelle ou factice – que la droite pourrait espérer reprendre le pouvoir!
Cette damnée ligne de parti! [1]
Alors qu’il était ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques, le péquiste Jean-Pierre Charbonneau avait lancé une vaste consultation, à laquelle – bien sûr – il n’a jamais été donné suite.
What else is new?
Alors que la Commission itinérante présidée par Claude Béland s’était transportée à Rouyn-Noranda, j’avais suggéré que les partis politiques ne puissent PAS imposer la ligne de parti à leurs députés, sauf sur des points qui relèvent de manière explicite, soit de la Constitution du Parti, soit de son programme électoral.
Que le PQ puisse imposer la ligne de parti quand il est question du statut constitutionnel du Québec, personne n’en sera offusqué; l’indépendance, c’est dans ses gènes. Par contre, quand le PQ avait imposé de force les fusions municipales, personne n’avait voté pour ça! C’était pas dans le programme du Parti, le PQ n’avait pas même abordé la question pendant la campagne, et pourtant, les élus du PQ avaient été contraints de voter pour cette réforme qui n’était pas toujours la bienvenue dans leur comté.
Et ça, ça demeure inacceptable.
Quoi qu’il en soit, je n,avais pas pris le temps de consigner mes suggestions dans un mémoire; l’eussais-je fait, les Commissaires ne les auraient pas davantage retenues et même si le rapport final en avait fait mention, je rappelle que ce rapport a fini sur une tablette du cinquième sous-sol…
Réforme démocratique? Mon oeil!.
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[1] Lecteurs et lectrices d’un certain âge ou abonnés à Ici.ARTV sont sans doute plus familiers avec cette expression de mépris dans la bouche d’Alexis Labranche: damné Séraphin!
L’expression « Damnée ligne de parti » se décline sur le même ton.