Bin oui.
Muhammad Ali a participé au financement des Championnats sportifs québécois, à Rouyn-Noranda, en 1983!
Réjean Tremblay en a fait le sujet d’une chronique, le 23 octobre. Ali, écrit Tremblay, est la seule idole [qu’il] ait dans le sport. Normal, donc, qu’il consacre une chronique à ce documentaire qui prendra l’affiche du Festival du Film en Abitibi-Témiscamingue, en première mondiale, le 31 octobre prochain.

Voir Ali: première mondiale à Rouyn-Noranda le 31 octobre
Réjean Tremblay écrit:
J’ai adoré la partie du documentaire où les témoins de l’époque, Jean-Paul Charlebois en tête, se rappellent que Muhammad, au lieu de parler de boxe, avait consacré toute son allocution à prêcher l’islam et à dénoncer le racisme aux États-Unis. Un des intervenants, en revenant sur la soirée, dit avec la verdeur d’un gars de région: «Je sentais la foule qui débandait au fur et à mesure qu’Ali parlait.»
Mais les années ont gommé la déception. Qui donc se soucierait d’un invité à un souper-bénéfice, 27 ans après la soirée, si ça n’avait pas été le grand de tous les grands? Et un cinéaste avec un budget plus que modeste aurait-il trouvé le filon (en Abitibi!) pour offrir ce film au Festival du cinéma international de Rouyn-Noranda, à compter du 30 octobre jusqu’au 4 novembre?
L’un des six participants au documentaire ne sera pas de la première, le week-end prochain; Guy Lemire, secrétaire-général de l’UQAT, est décédé d’un infarctus le 8 août dernier. C’était un ami, comme d’ailleurs plusieurs membres de sa famille. C’est trop tôt pour partir, 58 ans.
Je laisse de nouveau la parole à Réjean Tremblay:
Les premières images montrent des paysages de cette rude Abitibi. Puis, lentement, les premiers personnages commencent à raconter leur histoire.
Ils rappellent qu’en 1967, on lisait La Presse le lendemain de sa parution à Montréal tellement l’Abitibi-Témiscamingue était une région éloignée.
- Je (Papitibi) précise que, encore dans les années ’80, la Presse nous était livrée le lendemain. Pire, pour des nouvelles passé date, on payait BEAUCOUP plus cher que les Montréalais!
Puis, en quelques témoignages, Martin Guérin, le réalisateur de Voir Ali, ce documentaire pas comme les autres, met en place le contexte. L’Abitibi, en 1983, subissait de plein fouet la folie inflationniste du début de la décennie. Les taux d’intérêt de 24%, les augmentations de salaire de 20%, les obligations du Québec à 19%, la baisse du prix des métaux et donc, le ralentissement économique dans le Nord-Ouest. C’était morose et voilà que Rouyn-Noranda avait été choisie comme ville-hôtesse pour accueillir les Championnats sportifs du Québec.
- Non, non et non. Ça paraît que Réjean Tremblay est un sale pékwiss – il fait plein d’erreurs factuelles! 😉 C’est en 81 que j’ai payé 21% pour une hypothèque de premier rang; en 82, c’était déjà beaucoup (!) plus raisonnable, à 17¾%. Ouf, on respire! Péniiiible, pour un jeune couple avec (alors) deux enfants et des revenus dont la progression avait souffert de la Loi anti-inflation de Trudeau…
Fallait les organiser, fallait les présenter et fallait les financer…
La solution magique, c’était le grand souper-bénéfice. Après tout, la région avait fourni Dave Keon, les frèresTurgeon, Réjean Houle, Serge Savard, Rogatien Vachon, Jacques Laperrière, André Savard et tant d’autres à la Ligue nationale de hockey. On pouvait donc se rabattre sur un joueur de hockey pour essayer de remplir l’aréna de la ville à 50$ le couvert.
On débattait de la question quand quelqu’un autour de la table a lancé: «On devrait inviter Muhammad Ali!»
S’cusez, on est à Rouyn-Noranda.
Quelqu’un autour de la table? Ça devait être notre Ti-Guy Émond bien à nous, Jean Dedenus! Jean est tout petit – comme Guy Émond – mais la comparaison s’arrête là. Professeur à la retraite, et militant libéral bien connu chez nous, Johnny n’en est pas moins un ami à moi. De longue date.
À Rouyn-Noranda, les grands, on connaît ça!
[Le cinéaste Jean-Luc] Godard avait pris d’assaut une station de télévision de Rouyn-Noranda en compagnie de son équipe technique et de quelques collaborateurs québécois – dont Pierre Harel – afin de mener une «expérience révolutionnaire» de télé citoyenne, qui devait durer dix jours. Elle ne dura que 30 minutes. Frigorifié, Godard quitta l’Abitibi sans avertir ses hôtes, précise Antoine de Baecque, se promettant d’écrire «un livre sur les liens entre le maoïsme et le climat»! – Marc Cassivi, La Presse, 14 mai 2010.
À la décharge de Godard, c’est en décembre 1968 que Godard eut l’idée d’écrire sur les liens entre le maoïsme et le climat; à cette époque, le mercure descendait régulièrement sous – 40, pendant les nuits d’hiver, et il faisait parfois – 30 C. à 14 heures. Température ressentie? Faut pas que le vent souffle, sinon, c’est moins 50 la nuit!
Si Jean-Luc Godard a jeté son dévolu sur Rouyn-Noranda, ça n’était pas le fruit du seul hasard; la famille Gourd, propriétaire de la station CKRN-TV (aujourd’hui RNC Média, propriétaire de Radio-X… toute une évolution!) avait ouvert ses studios à un groupe d’animation sociale et d’éducation populaire, qui y ont présenté des émissions hebdomadaires dont le contenu était loin d’être mainstream! Qui plus est, dans les années ’40, Rouyn-Noranda (à l’époque plus cosmopolite que Toronto!) avait élu le seul député communiste qui aura siégé au Canada! Ce qui n’a pas dû déplaire à Godard, dont les sympathies sont notoires.
Il y a aussi Serge Gainsbourg, qui était venu au Québec pour assister au Festival du Film de Rouyn-Noranda. C’est qu’il est bien coté, notre Festival…
Et Léo Ferré, venu donner un spectacle au Théatre du Cuivre de Rouyn-Noranda. Il avait refusé de se produire à Montréal ou à Québec. Rouyn-Noranda, c’est tout! Et comme Léo n’aimait pas l’avion, c’est en automobile qu’il a été amené de Montréal à Rouyn-Noranda. Un bon sept heures… quand la route n’est pas fermée par un accident! Je me souviens que Radio-Canada avait réussi à parquer un interviewer dans l’auto; le reste des Québécois a donc pu être informé des états d’âme de Ferré.
Et pendant la chasse, bin il y a les Chippendales, qui viennent chez nous émoustiller la libido des pauvres veuves de la buck fever!
Réjean Tremblay est un sale pékwiss, alors comme de raison, il a commis quelques erreurs factuelles. C’est bien connu, si ces maudits péquisses-là sont souverainistes, c’est justement parce qu’ils sont ignorants, n’est-ce pas?
Le seul combat d’Ali que j’ai vu, en direct, est son deuxième contre Leon Spinks pour la reconquête du titre en 78. Ce dont je me rappelle le plus de ce combat, qui avait été somme toute assez banal, ce sont les annonces publicitaires du principal commanditaire, Akai. Une compagnie fort peu connue dans le temps, mais le martèlement des pubs durant 12 rounds a fait en sorte que je n’ai jamais oublié cette compagnie.
Des personnages comme Ali dans le monde du sport sont une rareté. Il faut dire que l’époque aux US s’y prêtait avec le mouvement d’émancipation des Noirs et la guerre du Vietnam. Ses prises de positions lui ont coûté 4 ans de sa carrière, ses meilleures années, mais lui ont permis de bâtir sa légende.
Ce qu’on a eu de plus proche au Québec est sans doute Maurice Richard, quoique dans des conditions moins dramatiques et avec une éloquence, disons, moins flamboyante…
Je n’avais pas réservé ma place au souper-bénéfice; ma femme m’aurait assommé d’une série de jabs suivis d’un crochet de la droite.
Mais on m’avait rapporté cette déception, à l’époque, devant la tournure de la conférence de Muhammad; aujourd’hui, et compte tenu de l’évolution de l’Histoire, les convives se rendent probablement compte du fait que le sujet développé par Ali transcendait la boxe. Mais à l’époque, oui, je me souviens du tollé que cette conférence avait soulevée.
Je me demande même si les organisateurs auraient accepté de recevoir Ali à Rouyn.
Bon… Christine St-Pierre et Pierre Curzi prennent place sur le plateau de TLMEP…
Parlant de TLMEP, une des meilleure entrevue que j’ai vu à cette émission fut celle avec le sculpteur Armand Vaillancourt. Un homme d’une grande humanité, un original qui n’a pas la langue dans sa poche. Et quelle tête!
http://www.google.ca/images?q=armand+vaillancourt&oe=utf-8&rls=org.mozilla:fr:official&client=firefox-a&um=1&ie=UTF-8&source=univ&ei=lNzETNi4NsWqlAfvsJijBw&sa=X&oi=image_result_group&ct=title&resnum=3&ved=0CDUQsAQwAg&biw=790&bih=617
Il avait été très chaleureux envers Dany Turcotte et son homosexualité. Chaleureux dans le bons sens, très compréhensif.
spritzer007
Armand Vaillancourt est un artiste et un humaniste spécial, très spécial.
Je l’ai croisé le printemps dernier lors de la marche des dizaines de milliers de travailleurs du domaine de la santé dans Montréal, jusque devant le bureau de Charest, rue Université, mais Charest était chez lui, dans son cabanon d’Outremont…
Pour revenir au personnage vraiment intéressant, notre Armand Vaillancourt, il m’a salué courtoisement avec un sourire vrai bien que je ne le connaisse pas personnellement, n’ayant jamais eu l’honneur de le rencontrer. Toutefois, je n’ai jamais pu changer de poste de télé ou de radio quand il y faisait des commentaires, qu’il était interviewé, qu’il défendait une cause.
Dernièrement, il était de passage dans une école de la Rive-Sud, à Boucherville, pour animer une classe d’élèves du primaire, donner des idées artistiques (dessin, bricolage…), faire créer et hurler ce petit monde et laisser un message de motivation probablement différent et très efficace. Il a un vécu et une renommée peu ordinaires, « notre Armand Vaillancourt », et nous ne devrions pas hésiter à nous l’approprier, culturellement et socialement, cet être très spécial.
Jugez de l’expérience par vous-même : http://monteregieweb.com/main+fr+01_300+Une_rentree_signee_Armand_Vaillancourt.html?ArticleID=659751&JournalID=1
Merci pour le lien Mangouste Rieuse.
Depuis que j’ai vu son entrevue à TLMEP, je suis un fan de Vaillancourt. Je ne connaissais pas vraiment le bonhomme avant, sauf de renommée. C’est un type qui parle beaucoup et lors de l’émission j’avais l’impression que ce qu’il disait était sans queue ni tête. Puis à mesure que l’entrevue avançait, on constatait son humanisme et sa stature morale.
Comme je l’ai dit, il avait appuyé Turcotte et son homosexualité dans une discussion sur le sujet où ce dernier était sur la défensive il me semble face à d’autres intervenants. Vaillancourt s’était même levé et dans un geste un peu cabotin était allé embrasser Turcotte pour marquer son appui.
Un grand Québécois que cet Armand Vaillancourt.
À spritzer dit :
26 octobre 2010 à 01:14
« Un grand Québécois que cet Armand Vaillancourt. »
Entièrement d’accord, de là mon début de phrase :
« Pour revenir au personnage vraiment intéressant, notre Armand Vaillancourt,… »
Un vécu extraordinaire…