Le pèlerinage d’Agnès Maltais au bureau de son homologue Diane Finlay, à Ottawa, s’est soldé par un échec retentissant… en apparence, du moins.
À la vérité, toutefois, cette fin de non recevoir brutale, ce refus de consacrer plus de quelques minutes à cette délégation tous azimuts et cette reconnaissance par Finlay de l’improvisation de sa réforme de l’assurance-emploi constituaient de formidables arguments de vente pour un gouvernement minoritaire en quête d’une prochaine ré-élection.
Auraient pu…
Parce que la Maltais n’a pas su capitaliser. Pire, elle a tout bousillé.
Les arguments qu’elle a opposés à Diane Finlay, voilà qu’ils se retournent contre Maltais au moment où, à peine quelques jours plus tard, elle cherche à économiser dix neuf millions de dollars sur le dos de trois catégories de prestataires de l’aide sociale particulièrement vulnérables à qui une allocation mensuelle de 129 dollars sera retirée.
Les 55-58 ans? Les opportunités d’emploi existent, de plaider la ministre: 32% d’entre eux occupent un job, contre 40% aux USA. Beau raisonnement! La question n’est pas de savoir si des 55-58 retirent un revenu d’emploi. S’agit plutôt de savoir quelles sont les probabilités raisonnables qu’un 55-58 sans emploi et prestataire puisse se trouver un vrai job. Il y a les p’tits vieux [!] pas trop usés, pousseux de crayons et autres artisans du cerveau, dont l’expérience POURRAIT constituer un atout. Il y a aussi ces p’tits vieux dont les poumons ont été scrappés par des poussières toxiques. Du pareil au même, estime madame la ministre. Et on n’a pas encore évoqué cet obstacle majeur à l’embauche des 55-58 ans que constituent l’âgisme et les préjugés qu’il véhicule. Bof!
Les jeunes couples avec enfant d’âge préscolaire? Madame la ministre prend sans doute pour acquis que ce jeune couple a accès à une place en CPE… mais n’est-ce pas justement le PQ qui, alors dans l’opposition, dénonçait l’incapacité du gouvernement Charest à livrer TOUTES les places promises et à combler les besoins des familles? Que je sache, la prise du pouvoir par le Parti Québécois n’a pas eu pour effet de combler instantanément les besoins…
On compte aussi limiter l’accès à des services en toxicomanie avec hébergement, en imposant désormais une durée (pas plus de deux fois par année, pour un total de 90 jours). – Marie-Andrée Chouinard, Le Devoir, 2 mars
Est-ce vraiment réaliste? Est-il vraiment toujours possible de récupérer un toxicomane après un maximum de 90 jours?
À l’Association des centres de traitement des dépendances du Québec, on s’insurge contre la limite proposée de 90 jours de prestation spéciale versée pour les services d’hébergement en traitement de la toxicomanie. « Qu’arrivera-t-il avec ces gens après 90 jours ? Ils continueront à consommer et se retrouveront à l’hôpital ou en détention ? Ce sont des coûts sociaux très élevés ça ! », déplore le directeur Vincent Marcoux. Quant aux situations d’abus évoquées par la ministre Agnès Maltais – des séjours de 30 mois -, ils sont « déplorables mais exceptionnels », ajoute-t-il.
[…] Chez les solidaires, on demande carrément le retrait du règlement. « La ministre promet un montant supplémentaire aux personnes qui participent à une mesure, mais une fois le programme terminé, si elles ne se sont pas trouvé d’emploi, elles se retrouvent en pire posture. Ce que je propose à Mme Maltais, c’est de mettre d’abord sur pied sa mesure d’insertion et de l’évaluer avant d’envisager d’autres modifications », souligne la députée de Gouin, Françoise David. – Marie-Andrée Chouinard et Isabelle Porter, Le Devoir, 5 mars
Et puis, il y a le timing. Sachant qu’elle s’apprête elle-même à adopter des mesures contre certaines catégories de démunis, la ministre d’un gouvernement souverainiste minoritaire ne pêche sûrement pas par excès de flair politique lorsqu’elle s’en va en délégation faire des remontrances à son homologue fédérale.
Le pétard risque de lui exploser au visage.
Pour ce qui est des 55-65 ans mon employeur actuel fait de la discrimination positive en engageant une bonne proportion de personnes ayant 55 ans.
@barefootluc
Sont crissement rare à part dans des professions qui demandent de grands savoirs et-ou une expérience inestimable et un manque de relève, genre médecins…
@TheUbbergeek
Ça demande seulement un permis de conduire sans point d’inaptitude et de l’expérience service clientèle… Quand mon employeur donne une chance à ce genre de travailleur, il se retrouve avec quelqu’un d’assidu et de motivé pour environ 10 ans. Il faut qu’un employeur embauche au moins une personne pour faire ce genre de constats au lieu de se borner à ne pas donner de chance en se justifiant par des préjugés ou des statistiques. 😉
@barefootluc
Facile à dire ce genre de truc. Ca ignore des trucs comme l’agéisme.
Vous prêtez PAS mal de bonne volonté à ces boss.
@The Ubergeek
Aille, simonac je parle de mon milieu de travail!!! Ces boss, il y a de forte chance que je les connais pas mal mieux que vous. Vous êtes qui pour me « challengé » sur ma vie professionnelle?
Je base mes commentaires sur plus de 10 ans de discrimination positive de la part de mon employeur. C’est tellement une réalité qu’il y a une blague qui se fait envers ses employés embauchés sur le tard concernant le facteur 80 ( âge + années d’ancienneté ) exigé avant de pouvoir prendre sa retraite sans pénalité.
Je ne prétend pas que c’est commun, mais je peux témoigner que ça existe. Et si tout le monde ne restait pas campé sur ses préjugés peut-être que ça changerait. Ce qui – au départ – était vu comme une contrainte pour la « gang » qui embauche chez mon employeur est vu d’une toute autre façon maintenant selon mon petit doigt. 😉
@ Geek et BarefootLuc
Il existe évidemment de trop rares employeurs qui acceptent d’embaucher des employés « passé date » ou atteints d’un quelconque handicap. Encore plus rares sont ceux qui, parmi eux, pratiquent à l’égard de ces catégories de candidats à l’emploi une forme de discrimination positive.
J’ai déjà été employeur; la Revue L’Actualité avait attribué à MA municipalité (je siégeais à la table du Conseil) le titre de meilleur employeur de l’année, dans la catégorie des tout petits employeurs, et elle avait publié un article très élogieux sur nos politiques d’embauche et de gestion du personnel, particulièrement souples et adaptées aux contraintes personnelles de nos employé(e)s et à leurs capacités physiques. Pire, nous avions attribué à une femme un emploi considéré comme étant une chasse-gardée des mâles. Pire encore, la madame n’était pas Québécoise de souche et parlait avec un fort accent germanique!
Mais ce genre d’employeur, ça demeure une exception…